26.11.07

Имало едно време "Once", реж. John Carney

Ако не обичате дълбоко романтични любовни драми, наситени със страст и копнеж, ако не сте "In mood for love", този филм не е за вас. Ако, обаче сте от тези които проронват тайничко по една сълза в тъмната кино зала, тичайте да видите ирландският филм Once. Не знам как би се казвал на български - "Веднъж" или може би "Някога". Според мен това Once идва от Once upon a time, както започват приказките на английски, и с право. Филмът разказва приказната история на едно момче и едно момиче, които любовта и музиката събират, но всичко останало разделя. Той е ирландец, у дома си, тя е чехкиня - чужденец, на чуждо място. Той поправя прахосмукачки, тя си служи с тях за да чисти. Той свири на китара, тя на пиано. И двамата пеят. Класически представител на типично англосаксонският поджанр "boy meets girl", филмът е т.нар. "независима" продукция излята в калъп с щампа на Сънданс (награда на публиката 2007, все пак). Once съдържа всички необходими елементи, за отблъскване на взискателният киноман: сравнително слаб сценарий, приблизителна картина, куп фактологични грешки и най-вече подсладена сълзливост способна да нагорчи и на най-снизходителният зрител. И все пак, тази смес от негативни елементи дава завладяващ резултат, демонстрирайки трудно достижимият в киното принцип два минуса да дават плюс. Именно в недостатъците му, се крие силата на повествованието: в обезоръжаващата непосредственост, която събира персонажите, като че ли по волята на някаква висша сила и в привидно приятелската лекота на отношенията им, издаваща настъпването на любовта със силата на цялата си очевидност. В крайна сметка филмът въздейства благодарение на унивесалността на историята, която разказва. Персонажите нямат име, просто Той и Тя. Среща ги живота и пак той ги разделя. А може би е било съдба? Доколкото любовта е мисия, тяхната се състои в това да превъзмогнат заедно личната трагедия на всеки, и да отново да превърнат минусът в плюс. Тя ще му помогне да запише песните, които ще му отворят пътят към звездите, а той ще й подари пиано - инструмент за духовно оцеляване в среда на всеобятна нищета.
Музиката е най-важният елемент от филма, третият персонаж, вездесъщ и всеприсъстващ. В интерес на истината, младият Глен Хансард е страхотен музикант. Дори филма да не ви хареса, струва си дори само заради музиката и гласа му. Баладите са силни и прочувствени, гласът нежен и мощен, напомнящи на Том Макрей или Дейв Пол. Сладката Маркета Ирглова, на пианото, не остава по-назад.
Лек но натрапчив, Once те кара да желаеш и мечтаеш.
Чувствителни натури, този филм е за вас!

23.11.07

Un panneau publicitaire au contenu homosexuel a été censuré à Sofia.

A l'occasion du lancement de la quatrième chaîne de télévision nationale en Bulgarie (appelée bizarrement TV2), son illustre prorpiétaire, l'oligarche Krassimir Gergov s'est offert une campagne publicitaire des plus réussies. Il s'agit d'un couple homosexuel bien connu du public bulgare, à savoir le chanteur de tchalga Azis et son "mari" Kitaetsa (Le chinois). Nombreux sont ceux qui n'apprécient guère Azis, essentiellement à cause de la musique qu'il fait, plutôt que pour son orientation sexuelle. Cependant, tout homme de spectacle qu'il est, il entretient habilement sa sulfureuse notoriété, à force de posters, magazines, réality-shows et coups médiatiques en tout genre.
Plus personne n'a été étonné, donc, de découvrir il y a quelques jours un grand panneau publicitaire représentant, dans une imagerie glamour épurée, la tendre étreinte des deux amants, torse nu, avec en prime, les nouveaux seins d'Azis timidement dissimulés derrière le bras viril du Kitaetsa. Plus personne... enfin presque. Le très viril maire de Sofia Boyko Borissov(qui mérite à lui seul beaucoup d'attention - on y reviendra) a fait enlever le "scandaleux" poster sous prétexte d'atteinte aux bonnes moeurs. Etrangement, cette décision semble convenir à pas mal de personnes, tous épris de tolérance. Fort heureusement, une partie de la société civile s'en est indignée et un débat s'est déchaîné sur les pages du web, alimenté par certains bloggeurs et par la lettre de la directrice executive de l'organisation Gemini Bulgarie au journal Capital, concernant la morale publique en Bulgarie, rêvée et réelle. En effet, au 21ème siècle bien sonné, dans un pays déjà EUropéen, "libre" depuis bientôt 20 ans, on se permet encore d'interdire des publicités jugées immorales. Soit! La morale, c'est important. Mais alors pourquoi tolère-t-on des pubs comme celle ci-contre et ce depuis des années ? La fameuse tolérance du Bulgare serait-elle un peu exagérée ? Ou juste fonctionnerait-elle à deux vitesses, comme tant de choses aujourd'hui ?

Aimez-vous la tchalga ?

Selon votre réponse les portes d’un foyer bulgare s’ouvriront à vous ou pas. Variété très populaire, la tchalga (du turc calgi : pipeau) divise profondément la société bulgare.
La tchalga est l’équivalent bulgare de ce qu’on appelle le turbo-folk en Serbie ou le manele en Roumanie. Dans les années 80, sous la chape du régime communiste, il était plus facile pour les populations d’entendre la musique du voisin que celle de l’Occident. Par les régions frontalières, grâce aux tandems télévision-vidéo et radio-cassettes, le monde interdit de l’Autre pénétrait dans l’espace national politiquement imperméable. Ainsi, en Bulgarie circulaient des compilations où Lepa Brena côtoyait Samantha Fox, entre deux morceaux de sirtaki. Chauffeurs et camionneurs se faisaient les véritables prosélytes de ces mélanges, tant par leur diffusion sonore dans les transports publics, que par l’affichage bien visible de posters exhibant les atouts des chanteuses sus-mentionnées. Tous ces éléments ont contribué à enraciner profondément ces mélanges dans l’inconscient collectif.
Quand, à l’orée des années 90 un homme d’affaires astucieux ressuscite le mélange en un nouveau genre, en lui donnant un nouveau souffle et une promotion digne des meilleurs cabinets de marketing, le succès est tel que cette musique devient un vrai phénomène de société. Elle acquiert au passage, parmi diverses appellations et labels (pop-folk, Pirin-folk, folk-fest), le nom générique et définitif de tchalga – mot désignant jusque là les exubérantes variations musicales, typiques des musiciens tziganes.
Le look des artistes est pour beaucoup dans la réussite du genre. La tchalga est chantée à 90% par des jeunes femmes remarquablement mises en valeur, ayant pour nom scénique leur seul prénom (au hasard : Camélia, Ivana, Maya…). Leurs producteurs n’hésitent pas à employer jusqu’aux codes visuels de l’industrie porno, pour attirer le regard du consommateur. Cette logique a été portée à son paroxysme avec le lancement il y a quelques années du chanteur Azis – une sorte de « folle du Balkan ». D’origine tzigane, excentrique et ouvertement homosexuel, dans un pays qui a pourtant encore du chemin à faire dans le domaine de la tolérance, Azis est devenu l’une des plus grandes star du genre.
Aujourd’hui en Bulgarie les choses sont simples : les gens éduqués, généralement urbains, méprisent la tchalga en tant qu’expression de la culture populaire. Mêlant les influences orientales, la variété, la disco et même la techno à des paroles simples, souvent salaces, le genre est l’expression même de ce que l’on appellerait en France « la beauf attitude ». La tchalga est devenue l’identifiant par lequel on catégorise l’appartenance aux milieux populaires. Pourtant, cette musique véhicule également une énergie terrible, une énorme joie de vivre, un désir de fête absolue et d’oubli total, et c’est ce qui plaît à son public, composé majoritairement de gens simples à la vie dure (mais aussi de nouveaux riches et d’hommes d’affaires douteux). L’aspect bon-vivant de la tchalga échappe complètement aux gens éduqués, qui en ont même un peu honte. Ils lui reprochent d’une part son côté oriental et d’autre part, précisément ce désir d’oubli, qui induit parfois dans les faits une conduite irrespectueuse, bruyante et sans retenue.
Les couches populaires quant à elles, n’ont cure de l’avis des gens éduqués. Elles les méprisent tout autant, sinon plus. De fait, le dialogue est rompu depuis longtemps et les clivages se creusent.
On observe pourtant, ces dernières années, des tentatives de convergence. Les chansons de certaines chanteuses de tchalga ressemblent de plus en plus à de la variété pure. D’autres font des duos avec des chanteurs de rap ou versent dans le jazz. Un récent remix techno-house de la chanson Une rose bulgare, symbole de l’époque communiste révolue et de la nostalgie pour les temps anciens, chanté par Zara - une chanteuse de tchalga reconvertie, assume enfin ouvertement la convergence. Le métissage des genres devenu un fait, la tchalga peut désormais sereinement prétendre au statut d’une grande.

Texte paru dans la revue culturelle Au sud de l'Est, N°2, Editions Non Lieu, Paris, janvier 2007

21.11.07

Instantané d’un paysage cinématographique : inventaire du cinéma bulgare*

Tel une chrysalide, depuis sa renaissance à la chute du mur de Berlin, le cinéma bulgare connaît des transformations fondamentales. Sa mutation suit un rythme assez lent et irrégulier, mais elle esquisse déjà les traits de ce que l’on nomme encore timidement le « nouveau cinéma bulgare ».
En réalité, « nouveau » est un adjectif qui correspond plus à la période historique qu’à la cinématographie elle-même. Peu après la fin du régime totalitaire, enivrée par le désir de liberté et la soif de création, la profession a abandonné les structures de production et distribution qui existaient depuis quarante ans et s’est jetée avec enthousiasme dans l’océan de l’économie de marché. Environ 90% des salles de cinéma ont été privatisées et sont devenues des supermarchés et des salles de Bingo. Le circuit de distribution étatique a été tout simplement dissout. Quant au système de financement du cinéma, par la télévision bulgare et le Studio Boyana (la « Cinecitta bulgare »), il a continué à exister sur le papier, mais il a subi de plein fouet les méfaits de la crise économique sévissant alors dans le pays. Projeté dans la spirale infernale : baisse de production - baisse de qualité, le cinéma bulgare a lentement sombré dans les abysses du déclin. N’ayant plus de défenses, envahi par les requins de l’outre-atlantique, il a fini par perdre son dernier capital : le public.
Pour autant, des films ont continué à se faire. De nouveaux auteurs ont émergé, de nouvelles tendances sont apparues. On y distingue 3 principaux courants.
Il y a d’abord les Anciens. Beaucoup avaient renoncé à faire des films. Mais après plus de dix ans d’interruption, de grands noms du cinéma de l’ancienne époque ont réussi un retour remarqué : Nikolai Volev (Le miroir du diable, 2001)[1], Georgi Dyulgerov (Tu es si belle, ma douce, 2004 ; Lady Zi, 2005)[2], Mariana Evstatieva (Le Prince et le Mendiant, 2005)[3]. Leur cinéma, bien qu’empreint d’une certaine rigidité formelle et d’un classicisme narratif un peu obsolète, se distingue néanmoins par la qualité de son contenu, par son niveau élevé de réflexion, par des scénarios bien bouclés.
La majeure partie du paysage cinématographique moderne est cependant composée par des cinéastes diplômés ou ayant débuté vers la fin des années 80, à l’orée de la démocratie. Cette « chance » historique explique qu’ils aient pu, tant bien que mal, poursuivre ou entamer une carrière dès les années 90.
Parmi eux, une sous-catégorie de cinéastes venus du documentaire, se démarque très nettement.
Petar Popzlatev, documentariste dans les années 80 débutant dans la fiction, nonobstant la qualité de ses films (Moi, la Comtesse, 1989 ; Même Dieu est venu nous voir, 2001), a été le premier à entrer dans la modernité européenne par le biais de la coproduction internationale. De ce fait, il est le seul cinéaste bulgare à connaître une distribution en salles en France, depuis les années 90.
C’est néanmoins une femme, Iglyka Trifonova, documentariste elle aussi, qui a marqué le véritable souffle de la nouveauté dans le cinéma bulgare. Son film Lettre pour l’Amérique (2001) a fait plusieurs fois le tour du monde dans des festivals[4]. Il a permis de rappeler aux Bulgares aux quatre coins du globe, le besoin qu’ils avaient de valoriser tout simplement leur culture. Un jeune homme part dans les Rhodopes bulgares, à la recherche d’une chanson traditionnelle rare, afin de l’envoyer au chevet de son ami aux Etats–Unis, tombé dans le coma suite à un accident. Le succès du film, y compris devant le public bulgare, tient d’une part à la narration : simple et épurée, alliant action et réflexion avec une discrétion remarquable. Il est surtout dû à sa tonalité positive générale. En effet, dans une cinématographie dominée par la grotesque, la caricature, la noirceur et le pessimisme comme procédés narratifs, un film simple et bien construit - vantant les mérites de la culture nationale avec modestie et humanité - a de quoi faire effet.
Le cinéma bulgare traite deux sujets majeurs : Passé et Présent.
Le Passé en tant que sujet - en particulier la période d’avant-guerre, vécue aujourd’hui comme un paradis perdu - prend sa revanche vis-à-vis du cinéma idéologiquement dogmatique de l’époque socialiste dans des films à budget important : Dan Kolov, Michail Getzov (1999), Voyage à Jérusalem Ivan Nitchev (2003). Le thème du passé récent quant à lui, sans être absent, se fait plus rare depuis le milieu des années 90, comme si les cinéastes étaient las du sujet. Cependant la Bulgarie n’a toujours pas eu son Good Bye Lenin ! Le refus de rire du traumatisme du passé montre que la société bulgare n’a pas encore pansé les plaies de la période dictatoriale et que tout reste à faire dans ce domaine.
Les sujets ancrés dans le Présent privilégient les récits sur la difficulté de vivre dans la période de transition, le marchandisage des relations humaines, la désorientation de l’individu face aux règles du capitalisme - ancien ennemi juré, la disparition des anciennes valeurs. La très grande majorité des films depuis 1990 appartient à cette veine. A l’intérieur de ce groupe un thème se détache particulièrement : le Bulgare et son rapport au monde moderne, le choix qu’il lui incombe de prendre : partir ou rester ? Comment vivre loin de chez soi ? Qui sommes-nous et qui sont-ils ? Où est notre place ?
C’est là qu’il convient de mentionner le troisième et dernier groupe de cinéastes : La relève. Ce sont pour la plupart de jeunes trentenaires, grandis et diplômés vers la fin des années 90-2000, souvent à l’étranger. Leur représentant le plus illustre est encore une fois une femme : Zornitza Sofia, auteur du film Mila de Mars (2004). Ella a crée un événement unique dans son genre en Bulgarie : le premier film dit « indépendant », selon les critères occidentaux. Sans subventions de la part de la télévision, avec un budget très modeste et beaucoup d’enthousiasme, Mila de Mars a été le film le plus vu du public depuis 1990 : 20 000 entrées en salle, un record absolu dans le paysage bulgare! On pourrait lui reprocher son montage type MTV et son sujet un peu fumeux : une fille battue par son mac s’enfuit dans un village frontalier parmi des vieillards faisant pousser du cannabis. Le film a néanmoins rencontré son public, bien ciblé, notamment grâce aux « nouvelles » méthodes de promotion : radio, presse, télévision.
Un autre membre illustre de ce groupe est le dramaturge de renommée européenne Tedi Moskov. Son film Rhapsodie en Blanc (2001), véritable diamant noir, conquiert des sommets de poésie crépusculaire agrémentée d’humour et de tendresse. Cette fable chaplinesque sur les temps modernes, se distingue aussi par l’originalité de son traitement formel : l’utilisation des couleurs au service de la narration est particulièrement réussie. C’est l’histoire d’une femme-clown dans laquelle sa moitié-femme lutte pour avoir le dessus sur sa moitié-clown et l’inverse. Cette lutte schizophrénique permet au personnage de traverser les strates de la société bulgare avec amusement et amertume. Dans un élan de folie égocentrique, chaque couche de la société tente d’imposer sa couleur au film, éclaboussant l’image à gros coups de pots de peinture. C’est un film sur la nostalgie du passé et l’intolérance d’aujourd’hui, sur la difficulté de vivre ensemble et sur la nécessité de réapprendre cet art perdu.
Depuis environ seulement deux ans et pour la première fois, les grands classiques du cinéma bulgare d’avant 1989 ont commencé à être édités en DVD. Au fur et à mesure de la progression du taux d’équipement des foyers bulgares, ces éditions rencontrent un succès grandissant. De moins en moins chères, des collections de films bulgares vendus en supplément de magazines, sont de vraies réussites commerciales. Cet engouement pour les films anciens fait enfin preuve d’un retour du public vers le cinéma bulgare. Le cinéma contemporain brille par son absence de ces éditions, mais c’est précisément à cause de cette absence, que se crée la demande de cinéma nouveau.
Grâce à la nouvelle Loi sur le Cinéma, attendue depuis une décennie et enfin votée en 2005, le système de subventions actuel exige des jeunes diplômés à réaliser d’abord un téléfilm avant de pouvoir accéder au guichet « Début » du fond cinéma. De plus, comme l’argent manque (3 millions d’euros à partager entre une vingtaine de projets candidats par an), celui-ci est alloué de préférence aux artistes en place. Ainsi le cinéma semi-réformé se prive de son principal atout pour l’avenir : les jeunes cinéastes. Pourtant, grâce aux facilités fournies par la multiplication des technologies numériques et les modes de diffusion qui en découlent (Internet, festivals de films amateurs, constitution de collectifs de jeunes créateurs, concours de tournage contre la montre) une nouvelle sphère de cinéastes et de cinéphiles se forme déjà. De ces réseaux alternatifs, constituant la véritable avant-garde du cinéma bulgare, sortiront les cinéastes de demain.

[1] Nikolai Volev, né en 1946, diplômé de l’Ecole de Cinéma de Londres en 1972, auteur de nombreux documentaires parmi lesquels Poterie (Grantzi, 1984, Dragon d’Argent, Cracovie), Maison N°8 (Dom N°8, 1986, Grand Prix, Oberhausen). Auteur des comédies à grand succès Le double (Dvoynikat, 1980), Monsieur d’un jour (Gospodin za edin den, 1983), S’entêter à aimer (Da obitchach na inat, 1986, Prix spécial du jury, Karlovy Vary) et drames Margarit et Margarita (1989) et La corne de chèvre (Koziat rog, 1991).
[2] Georgi Dyulgerov, né en 1943, diplômé de l’Ecole de Cinéma de Moscou en 1970, auteur des drames Le jour est venu (I Doide denyat, 1973), Avantage (Avantaj, 1977, Ours d’Argent, Berlin 1978), Mesure selon mesure (Mera spored mera, 1981).
[3] Mariana Evstatieva, née en 1939, diplômée de l’Institut Supérieur Filmique de Lodz, Pologne en 1971, auteur de nombreux films sur le thème de l’enfance : Des instants dans une boîte d’allumettes (Migove v kibritena kutiika, 1979), Là-haut sur le cerisier (Gore na tcherechata, 1984), Cherche mari pour maman (Tarsi se saprug za mama, 1985), Hommes sans moustaches (Maje bez mustatzi, 1989).
[4]Festival International du film de Télévision « La Commode d’Or » (Golden Chest) : Grand prix, Commode d’or, Plovdiv, Bulgarie 2001 ; Festival International Du Film d’Istanbul : Prix Spécial du Jury, 2002 ; Festival International Molodist, Kiev, Ukraine : Prix Don Quixote, Prix FIPRESCI, 2001 ; Festival Mondial du Film de Montréal : nomination pour le Grand Prix des Amériques, 2001
* Texte paru dans le N°1 de la revue culturelle sur les Balkans Au sud de l'Est, Editions Non Lieu, Paris, août 2006.

12.11.07

Май не било лесно да си блогър.

Предварително се извинявам на евентуалните читатели (те май не са много - то пък какво ли съм написал), за все още зле оформения ми блог. Аз така да се каже, прохождам в това ново за мен поприще и още не съм съвсем в час със детайли като поддръжка, конфигурация и т.н. Всичко с времето си. Засега най-трудно ми е да седна и да пиша редовно. Не е лесно да превъзмогнеш 30 годишен стаж в служба на изкуството на мързела. От друга страна, човек ако не култивира личността си, какъв човек е? Добре, че е работното време с неговите черни дупки, зони на здрача, където времето може да се разтегли до безкрайност, особено когато няма кой да ви гледа зад гърба. Ако някой има полезни съвети в тази връзка, приемам.

9.11.07

"La part animale" de Sébastien Jaudeau или "Животинското в нас", реж. Себастиен Жодо


Чудех на се каква тема да бъде първата ми статия, а отговора е толкова очевиден: някой хубав филм.
Гледах "Животинското в нас" (преводът е от мен) в едно малко парижко кино, където по една случайност се подвизавам от няколко години. Афишът не е от тези които незабавно ме предразполагат към филма, но все пак ми се стори заинтригуващ.
Уморен от трудности в живота, главният герои Етиен, заедно с жена си и сина си, се хваща на работа в една ферма и се установява трайно на село. Задачата му е да мастурбира по цял ден пуяците, а след това да опложда пуйките. Въпросът, който той задава на свръхамбициозния си шеф е логичният "Защо не оставим пуйките сами да се оплождат?". Отговорът е: защото са прекалено тежки и ако пуякът се качи върху пуйката, той ще я смаже с тежестта си. Работата е там, че във фермата се работи на конвейер. От излюпването до "реформирането" (евфемизмът, с който в индустрията се има предвид превръщането на птицата от живо същество на парче месо), целият процес е механизиран, автоматизиран, дехуманизиран. Етиен гледа съвестно работата си, приема я с фатализъм и равнодушие, които малко по малко го дехуманизират самия него. Съчувствайки вътре в себе си на птиците, самият той се превръща в една механизирана, немислеща плът. Жена му усеща това и страда. Тя не е единствената. Всички страдат: жената на фермера, която е влюбена в местен големец, фермерът, който знае това и за когото единственият начин на противодействие е да търси още по-голяма механизация, още по-големи приходи. А най-много страда Етиен, макар и да не знае защо. Всъщност знае, но не си признава. Малко по малко той се превръща в пуяк, усещащ но не мислещ. Tози своеобразен катарзис се конкретизира в една впечатляваща сцена (макар и доста намирисваща на актьорско майстроство, т.е. не много естествена), където Етиен, кацнал на един диван имитира пуяк, гърголейки и пляскайки с "крила". Всъщност, любопитството ми към филма се дължеше също и на актьора в ролята на Етиен: Сава Лолов - племенник на нашата голяма актриса Татяна Лолова. Гледали сме го и в "Маймуни през зимата" на Невена Андонова, в ролята на французина. Тук, той носи на плещите си целия филм и според мен, съвсем успешно. Другите персонажи също са много силни: жената на Етиен, "горещата" нежна и мистериозна, Рашида Бракни, преливаща от трудно удържана страст и най-вече фермерът, актьорът-муцуна Нилс Арструп, в ролята на чувствително чудовище, жертва сам на себе си. Откъм драматургия, филмът прескача от наративност към абстрактност. Повествованието е разпокъсано от природни кадри-винетки (чудесна фотография), допълващи или контрастиращи с душевното състояние на персонажите. Усещането за всемогъщата природа е това, което филма излъчва в крайна сметка. Тук няма стихия, нито идилия. Просто всепроникваща, величествена природа, която като че ли наблюдава отвисоко персонажите и ги наказва или пази, според критерии за висша справедливост. Най-накрая, ще спомена и музиката на филма. Един тъжно-мистериозен напев, който лично на мен през целия филм ми звучеше като: "Заю-Баю" (чуйте го на сайта), което предвид темата на филма ми се стори доста иронично.

7.11.07

"Сънят на Касандра" от Уди Алън, "Cassandra's Dream", Woody Allen


Братята Иън и Тери си мечтаят за яхта, и един хубав ден си я купуват. Проблемът е, че това е доста над възможностите им. Към , безпаричието им се прибавя и огромния дълг на Тери, придобит на покер. Отчяните им опити да намерят средства, ги довеждат при преуспелият им вуйчо Хауърд, чийто пример майка им непрекъснато натяква. Естествено вуйчото далеч не е толкова безупречният бизнесмен, за какъвто се представя. Срещу помощта си, той предлага пакт с дявола: братята трябва да убият негов бивш служител - опасен, защото знаещ. Само, че въпросният човек се оказва един симпатичен чичко, със сигурност много по-приятен от съмнителния вуйчо. Нямайки друг избор, Иън и Тери пристъпват към изпълнение на пъкления план. Но докато Иън, прагматично подхождайки, решава просто да забрави, по-глуповатият Тери (Колин Фарел - убедителен) се терзае от угризения. Убедеждението му, че трябва да отиде и да се предаде на полицията довежда до неизбежния трагичен край, който няма да спомена (гледайте филма).
Последният от серията лондонски филми на прочутия ню-йоркски комик и режисьор бележи връщане на автора към черната сатира, в стил Мач Поинт: отново класово-социална проблематика, отново главни герои издигащи се с цената на престъпление. В случая Алън развива една почти класическа гръцка трагедия, където главната роля е тази на съдбата. Персонажите, като че ли не разполагат със собствена воля, а следват предначертаният им път. Там където в Мач Поинт героят можеше да избере морално правилното решение, тук такова няма. Единствената възможност е да оставят съдбата си да ги застигне. Зрителите, които харесаха Мач Поинт вероятно ще бъдат разочаровани. Въпреки, че очевидно "Сънят на Касандра" доказва същата амбиция, но духът на черната сатира витае малко повече от необходимото. Сценарият изпъква изкуствено и повествованието се точи по-скоро мудно. Все пак, любителите на Уди Алън ще намерят на какво да се зарадват: неловки ситуации, развито чувство за хумор, леко джазче и завършек, оставящ ни с колебание между чувство за незавършеност и светско задоволство.